
Plasticienne diplômée de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier (MoCo Esba), je développe une pratique transdisciplinaire nourrie par les sciences du vivant, la géomorphologie, et l‘écologie. Fascinée par l’interstice — ce mince intervalle entre deux choses, cette zone de transition et de contact — j’élabore des formes à partir de recherches de terrain, parcourant les espaces naturels comme autant de laboratoires vivants.
Chaque pièce commence par une expédition, un déplacement, une immersion sur le territoire. Je m’installe dans les plis de la montagne, questionne la terre, perce la glace. J’interroge la mémoire des glaciers et leur rôle en tant qu’archives vivantes du temps. Accompagnée de dispositifs de collecte et d’observation — microphones, capteurs, caméras — je cherche les zones où les vivants se croisent et se rencontrent, les espaces d'entre-deux où se créent le dialogue, les négociations.
À partir de la matière collectée, j’élabore des protocoles de décomposition : En transposant la matière première sur de nouveaux supports ; en détournant leurs formes ; en isolant certains éléments ; en dégageant de leur ensemble complexe les traits communs d'un même élément qui le compose, cherche à abstraire le sujet.
Mes pièces prennent ensuite la forme de sculptures, vidéos, installations, gravures, enregistrements , photographies ou performances — toujours adossées à la rigueur des protocoles scientifiques qui m’inspire. Chaque production est une invitation à regagner des régions de sensibilité, à re-poétiser nos relations avec les écosystèmes, les éléments naturels et les temporalités multiples du vivant. En ce sens, je cherche à manifester une écologie de l’écoute, une poétique de l’attention.
À travers les concepts d’écotone, de zone [Jeanne Etelain] d’agencement polyphonique [Deleuze & Guattari puis Anna Tsing] ou encre de pluri-vers [Arturo Escobar], j’interroge la manière dont nous habitons les milieux. À travers mes pièces je cherche à traduire la porosité du monde : elles se dérobent, se déposent, s’effritent, se détachent. À l’image des Mésanges que je façonne du bout des doigts, mes sculptures tiennent dans la main autant qu’elle débordent l’espace. À l’image des glaciers que je capte à la source, mes plans vidéos s’étirent dans le temps, jusqu’à frôler l’immobilité.
En 2023, je réalise une exposition itinérante dans le cadre de l’appel à projet des 50 ans du Parc national des Écrins. J’entreprends 45 jours d’itinérance en autonomie, présentant dans les refuges de la vallée du Vénéon, une exposition de 50 gravures et sérigraphies pour célébrer les 50 ans du Parc. De cette expérience naîtra Perspectives Glaciaires, une projection performée, une proposition poétique, filmique et sculpturale qui trouve sa forme dans une séance à la croisée de la conférence, de la lecture, de la performance et du film.
Ce film a été présenté lors du Festival d'Autrans en 2024 et à la Biennale des Commencements – Mulhouse 025, en juin 2025. Accompagnée d’une série de photographie au Glacier de la Moiry et d’un triptyque photographique intitulé Écrire l’eau, ce projet tisse un dialogue entre différentes œuvres interconnectées qui interrogent les glaciers, ces êtres témoins des transformations planétaires, ces sources de récits environnementaux.
Je collabore dès que possible avec des chercheurs et chercheuses : géographes, biologistes ou philosophes. La formation naturaliste dispensée par l’ONG Objectif Sciences International me permet d’ancrer une pratique de recherche de terrain dans mes exploration plastiques.
En 2025, j’étends ma pièce Le Poids de la Mésange — triptyque composé de sculptures, vidéo et poésie, ces formes cherchent à retrouver la sensation d’un oiseau au creux de la main — en développant une série de céramiques inspirée des murmurations des oiseaux. Je prépare également une série de gravures, appuyée par l’Aide à la Création du Centre Départemental des Ressources des Arts des Hautes-Alpes.