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Le Silence du Glacier

Captation sonore, février 2023

Enregistrement sonore du Glacier du Chardon, 1h



Le Silence du Glacier, extrait de l'enregistrement sonore

Le Silence du Glacier est une pièce sonore de 1h captée sur le terrain, à l’intérieur d’une voûte glaciaire 

— celle du glacier du Chardon.

Le 2 août 2023 , après 15 jours d’itinérance dans la vallée du Vénéon — transportant sur mon dos une exposition de 50 gravures et sérigraphies pour célébrer les 50 ans du Parc national des Écrins —  et après avoir gravi les 1200 m de dénivelés qui permettent d’accéder au col de la Lavey, j’entrais dans l’une des cavités du Glacier du Chardon. Accompagnée de dispositif d’écoute et d’enregistrement, je formais un trou, une carotte de glace. À même la matière, j’y insérais un microphone.


À l’intérieur de cette cavité glaciaire, au contact de la matière, loin de l’immobilité qu’on lui prête, le glacier se fait entendre. Une symphonie de crissements, de ruissellements internes, de craquements diffus se propagent dans l’épaisseur. Comme autant de signes d’une vie géophysique à l’œuvre, ces sons deviennent les témoins d’un corps en mouvement : un corps qui glisse, résiste, cède, s’emporte.

Le Silence du Glacier propose une écoute de cette lenteur, de cette épaisseur du temps. Le glacier, archive vivante du temps, se fait le témoin des transformations planétaires et sources de récits environnementaux.

Le Silence du Glacier, Carotte de glace, dispositif d’écoute avant enregistrement
Le Silence du Glacier, Carotte de glace, dispositif d’écoute avant enregistrement

Le Silence du Glacier, Voûte glacière du Glacier du Chardon
Le Silence du Glacier, Voûte glacière du Glacier du Chardon

le 2 août 2023, aux alentours de 15h

et après avoir gravi les 1 200 m de dénivelé

qui permettent d’accéder au col de la Lavey,

j’entrais

dans une des cavités du glacier du Chardon ;


la voûte glaciaire qui se dévoilait au-dessus de mon propre crâne

suintait ,

respirait ,

s’effritait ;


sa désintégration, minutieuse

et progressive

se laissait entrevoir dans un chant d’une volupté austère ,

à peine audible ;


ce son, rayonnant sur les moraines avant de s’évanouir dans le lointain,

était d’une clarté neutre, sans couleur, presque silencieuse

et qui grondait pourtant ;

sous l’action de son propre poids ,

le glacier était en train d’avancer ;

et à mesure qu’il exerçait des forces sur le lit rocheux sous-jacent ,

je semblais percevoir dans son écho ,

les crissements de la glace sur la roche ,

générant dans un même élan, des vibrations ,

quasiment imperceptibles tant elles se perdaient dans l’altitude ;



Ce texte a été écrit pour la projection-performée Perspectives Glaciaires et figure

dans l’édition qui l’accompagne.

cf. Perspectives Glaciaires.